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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 19:36

 

BAGDAD (AP) — Dans son atelier installé sur le toit de sa maison dans un quartier pauvre de Bagdad, Farhan Hassan travaille en secret, courbant le bois avec amour et tendant les cordes de son oud, instrument traditionnel de la musique arabe.

Seuls la famille proche et ses amis connaissent son activité car les milices chiites qui ont pris le pouvoir dans son quartier considèrent l'oud comme une frivolité à bannir.

Pourtant, les notes mélancoliques de l'oud caractérisent la musique irakienne, comme le Tigre et l'Euphrate façonnent ses paysages. Mais aujourd'hui, peu d'Irakiens fabriquent ou jouent encore de l'oud, instrument à cordes pincées, en forme de poire, lointain cousin du luth, des centaines d'artistes ayant quitté l'Irak gangrené par les violences de ces dernières années.

Les ouds de ce luthier apparaissent aujourd'hui comme le symbole d'un Irak perdu, ou de ce que l'Irak pourrait redevenir, mais sûrement pas l'Irak d'aujourd'hui. "Mon pays n'a pas de fleurs, d'amour ou de beauté", soupire Hassan. "Je veux quitter l'Irak et trouver un endroit où je pourrais avoir une vie normale".

Cet homme au phrasé doux, les cheveux en bataille, envoie tous ses ouds à l'étranger depuis plusieurs années, principalement à des musiciens ayant fui le régime de Saddam Hussein puis la guerre à partir de 2003 et de l'intervention américaine. Parmi ses clients fidèles, son ami d'enfance Rahim al-Haj, compositeur et joueur d'oud, désormais installé aux Etats-Unis.

Nominé aux Grammy Awards, Al-Haj effectue, avec trois ouds façonnés par Hassan, une tournée de concerts aux Etats-Unis dont les bénéfices vont aux enfants irakiens. Il a proposé à Hassan de lui envoyer le plus d'ouds possibles, pour les vendre par son entremise.

Al Haj a été déchiré par le choix cornélien auquel il a été confronté en quittant l'Irak: il a dû abandonner son oud à la frontière irako-jordanienne un jour sombre de janvier 1991, car les douaniers exigeaient un permis pour sortir l'instrument du pays. "J'ai choisi la liberté, mais cela m'a rendu malade pendant un bon bout de temps d'avoir dû abandonner mon oud".

Après une tentative pour revenir au pays en 2004, il s'est ravisé. "Le chagrin était bien trop lourd à supporter", explique-t-il depuis Albuquerque (Nouveau-Mexique) où il vit désormais. "J'ai découvert que mon père était mort en 1997 quand j'étais encore en Syrie et que ma mère était morte un mois après mon départ".

L'exil, Hassan en rêve. A l'image des 2,5 millions de chiites de Sadr City, il vit dans des conditions épouvantables. Les miliciens, qui avaient pris le pouvoir dans le quartier, avaient ordonné la fermeture des magasins de musique, interdit la mixité hommes-femmes, banni les fêtes de mariage, imposé le hijab aux femmes et exécuté les homosexuels... tout en gagnant leur vie comme hommes de main.

Quand ces miliciens régnaient sur le quartier, il y a deux ans de cela, Hassan avait déménagé ses instruments et tout le matériel de son atelier chez son frère, dans un quartier plus sûr de Bagdad. Sa prudence a payé: par deux fois, des hommes armés ont débarqué pour fouiller sa maison en 2005, "en plein milieu de la nuit, masqués". "J'aurais pu circuler dans la rue armé d'un lance-roquettes ou d'une mitraillette, et les gens soit n'auraient rien dit, soit auraient salué mon courage. Mais j'aurais sans doute été tué si j'étais sorti avec mon oud à la main", sourit-il avec amertume.

Encore aujourd'hui, l'enseigne "atelier d'ouds de Farhan Hassan" est recouverte d'un morceau de tissu fleuri un peu fané, et le marché pour les ouds d'Hassan réduit à une peau de chagrin, les meilleurs joueurs d'oud vivant à l'étranger. Nécessitant plus d'un mois de travail, les ouds de Hassan se vendent entre 500 (370 euros) et 1.000 dollars (741 euros) à l'étranger. "Farhan est l'un des meilleurs luthiers d'Irak mais il a un problème: il tombe amoureux de ses instruments et n'arrive pas à s'en séparer", explique son ami Al-Haj. AP

 

Historique de l’oud

L’oud, ut en turc et venant de l’arabe al-oud signifiant « le bois », constitue un instrument de musique courant en Turquie, en Grèce, et dans le monde arabe.  Il s’agit d’un instrument de musique à cordes pincées, version orientale du luth connu en Europe,  qui trouve son origine vers 1800 avant J.-C. en Mésopotamie. Par la suite, l’oud fut très utilisé en Egypte au temps des civilisations pharaoniennes pour les cérémonies et les fêtes.

Avec l’avènement de l’Islam dans le monde arabe à partir du 7ème siècle avec l’Empire Omeyyade, l’oud s’implante de plus en plus dans les pays du Moyen-Orient et du Maghreb. Ces pays deviennent alors les lieux de référence de l’utilisation de l’oud. A partir du 9ème siècle, l’oud s’exporta en direction des pays européens à travers l’Andalousie, territoire alors sous influence mauresque qui devint rapidement le centre majeur des composantes de la musique arabo-andalouse.

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commentaires

J
<br /> <br /> Instrument de musique à corde typique du pays, il fait au moins vivre l'Irak sous le rythme d'un son qui espérons redonnera vie au pays. Meurtri une guerre incessante, la musique est au moins un<br /> synonyme d'apaisements.<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> merci julien de ton commentair je te souhaite une bonne journée jasmine<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Lahcene Myriam
  • : Femme libre et heureuse de vivre, ma vie est un roman,mes enfants sont mes trésors. j'aime le soleil, la mer, les voyages,la cuisine. Je déteste: les cons, la méchanceté Gratuite, l'abus de pouvoir, la discrimination et les hommes cons !! La cinquantaine, drôle, belle et humaine ! Parfaite quoi !!!
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